Rigel attrapa les draps et les remonta sur les épaules de Bethany. Il resta éveillé près d'une heure, bien qu'il garde les paupières closes. Il essayait de ne penser à rien - il ne valait mieux pas. Sinon, son esprit s'embrouillerait de nouveau et il perdrait encore les pédales.
Le vent se levait, faisait craquer le bois de la fenêtre par intermittence irrégulières. L'air de la chambre était plaisant. Il ne faisait ni chaud, ni froid. Les rayons de la lune se déplaçaient lentement le long des murs, au mouvement de l'astre, haut dans le ciel sombre. Ils finirent par éclairer la porte. Rigel suivit des yeux l'ombre des nuages qui s'y réfléchissait lorsqu'ils passaient dans la lumière blanche. Cette nuit était bien belle pour son humeur maussade.
Car même s'il avait sourit à Bethany, les sentiments qu'il éprouvait à ce moment là étaient, en vérité, contraires à cette réaction. Rigel ne souriait jamais sincèrement. L'immense colère qui l'habitait n'avait fait que durcir ses traits et renforcer son coeur de jour en jour.
- La haine est l'amour qui a sombré, murmura-t-il alors.
Il ne fit pas attention à Bethany. Il ignorait si elle dormait vraiment mais il continua à parler tout seul.
- L'amour et la haine sont des sentiments qui s'alimentent par eux-mêmes... Mais des deux, c'est la haine qui a la vie plus longue...
Plus aucun sentiment positif ne le possédait, il le savait. Son entourage pouvait déjà en avoir la preuve par son regard. Le noir profond, obscur, douloureux de son oeil gauche déstabilisait tout le monde. Et le rouge... CE rouge qui reflétait l'Enfer, la colère, la folie... Il faisait trembler de peur quiconque le regardait de trop près.
- L'Enfer, c'est la haine qui luit dans ton oeil... Haine...
La solitude était issue de cela. En souffrait-il ? Peut-être que non... que ça ne le dérangeait pas du tout, qu'il était bien comme cela. Peut-être que oui... qu'il se détestait pour inciter les gens à le fuir. Peut-être que la souffrance venait de la haine, qui elle-même était issue de la colère...
- Avant la peur, souffla-t-il en fronçant les sourcils. Ai-je peur ?
Peur de quoi ? Il ne le savait pas encore. Etait-ce cela, au moins ? Et voilà, il réfléchissait de nouveau. Il fallait qu'il se repose, qu'il dorme tout de suite. Il en avait besoin. La présence de Bethany l'apaisait. En temps normal, il méditait beaucoup plus souvent et longtemps que maintenant. Il en aurait été content, si, justement, un sentiment de joie pouvait le traverser une seconde.
Quelques heures plus tard, alors que le soleil commençait se montrer au dessus des montagnes, alors que la nature s'éveillait à peine autour de l'auberge, Rigel était parti, laissant Bethany seule, dans son paisible sommeil...
[Pfou et ben j'suis crevée moi ! j'vais m'coucher XD Sujet fini !]