Un coup de vent et tout disparait... [Hermy/ Léo]

Elle se retourna et, étrangement, continua de sourire, comme si elle me connaissait.

- Tu es de retour à Poudlard ? me demanda-t-elle l'air réjoui.

Surpris, je ne répondis pas tout de suite. Quelqu'un ici me ressemblait-il autant pour que cette fille arrive à se tromper ?

- Je n'aurais jamais cru que l'école puisse te manquer à ce point ! ajouta-t-elle. Comm...

Elle se tut. Elle venait de se rendre compte qu'elle ne parlait pas à la bonne personne. Son expression passa de l'enthousiasme à la gène.

- Veuillez m'excuser, je vous ai pris pour quelqu'un d'autre...

Je l'observai un moment, tentai de sonder son esprit pour découvrir à qui elle pensait en me voyant. Puis je me dis que j'avais le temps de le découvrir par moi-même. C'était tout de même assez amusant. J'aurais bientôt l'occasion de pouvoir me faire passer pour ce jeune homme qui me ressemblait tant. J'inspirai profondément. Dans le même temps, une nouvelle brise se leva. Elle retomba lorsque qu'un « chut » agacé de ma part siffla mélodieusement à travers tout le parc.

- Vraiment ? dis-je d'une voix douce, enrobée d'un charme qui faisait craquer tant de femmes à l'époque où je vivais encore. C'est surprenant...

J'esquissai un sourire que je cachai très vite dans les ombres de mon visage.

- Quel est votre nom ? m'enquis-je toujours sur le même ton suave.

La jeune fille me regardait de la tête aux pieds. Elle ne semblait pas être sûre que je sois si différent de celui qu'elle connaissait. Complètement absorbée dans sa contemplation, elle mit un moment avant de répondre.

- Hum... Élisa et vous ?

Je laissai d'abord un silence s'installer entre nous, le temps qu'une chauve souris vole loin au dessus de nos têtes et qu'un hennissement – celui d'un Sombral – se fasse entendre dans les tréfonds de la Forêt Interdite.

- Je m'appelle Léo.

Je levai une main et, entre le pouce et l'index, saisis une feuille de noyer coincée dans les cheveux de la dénommée Élisa. Je la regardai longuement avant de la tendre à mon interlocutrice. Le noyer, un arbre à la signification qui me convenait assez bien. Il symbolisait l'être implacable, surprenant et plein de contrastes, souvent narcissique, très jaloux, passionné et qui peut démontrer de l'agressivité. Il fait également preuve d'une ambition sans limite et d'aucune flexibilité. Le partenaire difficile et peu commun, pas toujours aimé mais souvent admiré...
J'avouais que mon petit « cadeau » ne valait pas grand chose. Ou du moins pour la jeune fille. Pour moi, il avait bien plus d'importance que ce que n'importe qui pouvait croire. En même temps, personne n'avait autant de connaissances que moi. En quatre-cent cinq ans, il faut dire que j'avais eu le temps de me cultiver un peu plus.

Élisa prit la feuille de noyer dans ses mains et me remercia. Je n'en fus pas ravi, tout comme je n'aurais pas été surpris et contrarié qu'elle me la lance à la figure. J'en aurais bien ri ! Je faillis regretter d'être gentil avec elle. Je passai délicatement une main dans mes cheveux de jais.

- Voulez-vous voir quelque chose d'amusant ? demandai-je en regardant le ciel à la fois étoilé et légèrement nuageux.

Je devinai son étonnement mais ne fis aucun commentaire.

- Quelque chose d'amusant… dit-elle à voix basse. Eh bien… oui, si vous voulez.

J'évitai de dévoiler mon contentement et fis en sorte de me montrer le plus sérieux possible. Pas très difficile quand on a perdu le goût de sourire sincèrement pendant plus de trois-cent ans. Je passai à côté de la jeune fille. Au passage, je m'emparai habilement d'une mèche de ses cheveux blonds que je tirai pour la détacher de son crâne. Je sentis agréablement vibrer en moi la légère douleur qu'elle éprouva par ce petit geste. Je calai le fin cheveu entre mes lèvres, tel une cigarette que j'allais consommer.
Je m'arrêtai derrière Élisa. Sans qu'elle puisse me voir, je tendis un bras vers le ciel et, comme si j'effaçais un tableau, j'écartai les nuages rassemblés au dessus de nous. Un nombre inconsidérable d'étoiles se dévoila sous nos yeux. Je posai ensuite mes mains sur les épaules de la jeune fille. J'approchai mon visage de son cou, humai son parfum un peu trop doux pour mon odorat habitué aux odeurs déplaisantes de l'Enfer. Enfin, j'expirai au maximum, lentement.
Une nuée d'étincelles brumeuses s'échappa de la mèche blonde qui se consumait peu à peu. On aurait dit que je soufflais sur un tas de poudre dorée. Mais tout cela n'était qu'un peu de magie blanche avec un soupçon de magie moins nette – à travers le pincement provoqué par l'arrachement du cheveu mais aussi à travers autre chose de plus subtil. La poudre d'or effleura la joue d'Élisa. Elle s'envola vers le ciel, ajoutant ainsi quelques étoiles de plus, minuscules et éphémères.
Ce n'est pas pour rien que j'étais considéré comme un des plus jeunes et plus grands sorciers de mon époque. Je pouvais faire tant de choses sans baguette magique... Tantôt aussi minimes que celles que je provoquais en ce moment même, tantôt plus dangereuses qu'un sortilège interdit.

Qu’allait-il faire ? Pourquoi lui tournait autour ? Et aïe que venait-il de faire ? Elisa se gratta légèrement l’endroit ou un cheveu venait d’être arraché et fit une grimace. Cet homme n’était vraiment pas clair du tout mais il disait que sa allait être amusant, alors soit que se le soit mais pas besoin de lui arracher un cheveu, lui il ne lui avait rien fait tout comme elle d’ailleurs.

Soudainement, les nuages venaient de s’en aller comme si ils avaient été chassés. Elisa leva la tête en direction du ciel bleu nuit et regarda les étoiles qui étaient présente. La jeune fille sentit quelque chose lui effleurait la joue, une chose agréable et le ciel fut alors plus étincelants. Léo brisa le silence en parlant, cet homme dégageait quelque chose de fascinant, Elisa ne se retourna pas pour lui faire face mais continua à fixer le ciel comme hypnotisé par se que venait de faire l'homme.

- Oui, s’est… magnifique…, répondit-elle d’un ton doux.

- Oui, c'est... magnifique... répondit-elle d'une petite voix.

Elle peinait à parler, comme si elle était prête à s'endormir. Elle tombait de plus en plus sous l'hypnotisme de mon sort, ce qui me fit sourire. Puis mon rire, très léger, résonna autour de nous et se mêla à la brise qui se levait encore. Je laissai glisser une de mes mains le long du bras d'Élisa puis la posai sur sa taille. Si douce, si fragile... j'avais l'impression que le moindre de mes mouvements la briserait en mille morceaux d'un instant à l'autre.
J'entendais sa respiration se ralentir, s'apaiser comme lorsque quelqu'un dort profondément. J'étais si près d'elle que son dos reposait contre moi. J'approchai ma bouche de son oreille.

- Les choses les plus belles sont toujours les plus brèves, susurrai-je en envoyant mon souffle chaud contre sa nuque.

Je me servis de mon autre main pour passer délicatement mes doigts sur sa joue, son épaule...

- Elles sont si... inaccessibles.

Sa poitrine, son ventre...

- Si... séduisantes...

Je collai mes lèvres contre sa joue. La douceur et le parfum de sa peau me répugnaient et en même temps, me donnaient envie de croquer chaque centimètre carré de son corps.

[Mais c'est parfait ! =D mouhéhéhé !]

Étant donné que je ne lui voulais aucun mal, ou du moins pas tout de suite, je laissai mon sortilège se dissiper. La jeune fille sortit de son état second et, se rendant compte de ce qui était en train de lui arriver, elle se retourna vivement pour me gifler. Un frisson me parcourut depuis l'endroit où sa main m'avait frappé jusqu'à ma nuque et le long de mon dos. Je laissai échapper un léger soupir ravi. Puis je souris à Élisa. Évidemment, un contentement aussi malsain ne la rassurerait pas. Ce n'était pas mon intention.
Je savais déjà ce qu'elle pensait de moi. Je demeurais certain qu'en ce moment même, elle se disait qu'elle serait bien plus à l'aise ailleurs qu'ici en ma compagnie, et qu'elle aimerait ne plus me croiser, surtout en pleine nuit. L'excitation me gagna en m'imaginant ma prochaine rencontre avec elle. Je me hâtais déjà d'y être.
Alors que je songeais à rester encore un peu, je perçus une autre présence. Une jeune fille également. Elle venait vers nous d'un pas assez hésitant. Je tournai la tête pour la regarder. Bien qu'il fasse plutôt sombre, je pus remarquer ses cheveux châtain-clair ondulés ainsi que ses yeux chocolat à faire pâlir un démon. La plupart de mes confrères vivant en Enfer chérissaient les femmes aux yeux marrons. Ils disaient que, pour eux, cette couleur reflétait l'absolu contraire, la mésentente avec tout le monde, quelque chose de très attirant apparemment. Des délires de démons...
Ce que je reconnus en sondant sa personne fut le fait qu'elle ne soit pas de sang pur. Une née moldue ! Oubliant complètement Élisa, je me dirigeai vers la nouvelle venue. Elle commençait à sortir sa baguette de sa poche. Méfiante la petite... Mais je fis comme si je n'avais rien vu et me rapprochai un peu plus d'elle. Les bonnes manières, une chose à ne jamais omettre face à ce genre de personne. Bien que je ne sois plus tout à fait le même, je gardais mes croyances intactes. Je claquai discrètement des doigts pour calmer la brise.
Puis arrivé devant l'inconnue, je pris sa main libre tout en posant un genoux à terre. Je baissai la tête, comme si j'étais prêt à me soumettre à ses exigences. Je devinai le regard à la fois inquiet et ahuri des deux filles. Mais c'était ainsi, je ne pouvais pas m'en empêcher. Je n'avais pas perdu mon savoir-vivre et je le regrettais parfois. J'attachais encore trop d'importance aux différentes classes de la société. A présent que j'avais agi, il n'était plus question de revenir en arrière.
Je n'espérais rien de spécial de sa part. Ou peut-être gagner sa confiance pour pouvoir la manipuler plus tard – si j'avais le cran de m'attaquer à quelqu'un que j'étais censé respecter. Je verrais cela plus tard...

- Serait-ce trop demander de prendre connaissance de votre nom ? m'enquis-je d'un ton courtois.

Elle parut tergiverser entre l'idée de me répondre et celle de me demander si je ne venais pas d'une autre planète. Ou peut-être n'était-ce que de l'étonnement. Puis elle finit par prendre la parole.

- Hermione Granger ! Me ferez-vous, à votre tour, l'honneur de me donner le votre ?

D'après sa façon de me parler, je devinai son embarras d'avoir à se retrouver devant moi qui me comportais encore comme une personne du dix-septième siècle. Elle trouva plus juste et plus poli d'user d'une affabilité égale – ou presque – à la mienne. Ce qui me fit décrocher un sourire. J'étais curieux d'en savoir un peu plus sur cette fille. Elle ne m'intéressait pas au point de passer trop de temps avec elle. Mais assez pour susciter le peu d'attention que j'arrivais à porter à un nombre plutôt réduit de personnes.
Je me mis debout, sans lâcher sa main. Je fixai ses yeux marrons un moment puis souris de nouveau. Je me présentai à mon tour, en estimant préférable de garder l'autre moitié de mon identité secrète. Et si un de mes descendants se trouvait dans cette école ? Je devais préserver mon nom le temps de m'amuser un peu...

- Appelez-moi Léo, déclarai-je en inclinant légèrement la tête sur le côté.

Je déposai un baiser sur le dos de sa main.

- Hermione Granger, préfète en chef... murmurai-je en voyant son insigne brillant.

Je soupirai discrètement. Je ne portais plus aucune attention à Élisa. Si j'avais été incapable de percevoir sa présence, j'aurais cru qu'elle serait partie pendant que je m'entretenais avec la jeune préfète.

- Maintenir la discipline, ajoutai-je en passant le bout de mes doigts sur les siens. Oh... douce et stricte. C'est si affriolant.

- Oui, préfète en chef, déclara-t-elle en levant le menton, comme pour prouver qu'elle valait ce grade. Je faisais justement ma ronde du soir...

Élisa serait peut-être pénalisée mais pas moi. Je n'étais pas un élève. Cependant, je pouvais me faire passer pour un professeur. Il devait en manquer par les temps qui couraient. Non... Pas assez intéressant. Cela m'ennuierait vite et je serais démasqué en moins d'une semaine.

- Je me demande ce que deux personnes font à trainer si tardivement, et sans raison apparente, dans le parc, reprit Hermione d'un ton autoritaire.

Elle regarda Élisa puis reporta son attention sur moi. Je lâchai enfin sa main.

- Êtes-vous un invité ? demanda-t-elle. Ou êtes-vous arrivé accidentellement jusqu'ici ?

Je lui fis mon plus beau sourire et me penchai de façon à ce que mon visage se retrouve tout près du sien. Je me demandais si elle connaissait la personne avec qui Élisa m'avait confondu. Si oui, la suite risquait d'être fort amusante ! Je plongeai mon regard gris dans le sien et répondis :

- En supposant que je sois arrivé en ce lieu par accident, je me retrouve fort chanceux d'avoir pu rencontrer une jeune fille aussi ravissante que vous.

Je me redressai et levai les yeux vers le ciel étoilé.

- Dommage que je ne puisse pas rester plus longtemps. Mais si cela vous plait de me revoir, alors je reviendrai.

A mon grand étonnement, Hermione se figea, comme si elle venait de comprendre quelque chose qui la choquait complètement. J'allais lui demander ce qui n'allait pas lorsqu'elle se mit soudainement à crier.

- Comment ça, tu reviendras ? T'es supposé être dans ton lit ou encore à Ste Mangouste !

Ste Mangouste ? Mais d'où sortait-elle une pareille ânerie ? A moins que...

- Non mais franchement Dante ! Tu pensais que tu aurais le dessus longtemps avec cette mauvaise blague ?

Tout s'expliquait ! On me prenait encore pour ce type dont je connaissais désormais le prénom. Dante... et il travaillait à Ste Mangouste ? Intéressant... Contrairement à Élisa, Hermione avait mit un bon moment avant de faire le rapprochement.

- Tu ne penses quand même pas tromper ta meilleure amie ? Je te connais par cœur ! Il n'y a que toi pour agir de la sorte !

La jeune fille se calma. La respiration haletante, elle sourit, visiblement satisfaite d'avoir poussé sa gueulante. Le silence tomba d'un coup et quelques secondes plus tard, j'éclatai de rire. Je ne pouvais pas m'en empêcher, c'était plus fort que moi ! Mon rire mélodieux résonna dans tout le parc et le vent se mit à souffler brusquement, envoyant le bas de ma veste fouetter les jambes d'Hermione. Il retomba lorsque je parvins à répondre.

- Jeune fille, vous avez l'art de dérider les gens avec brio, fis-je remarquer avec un grand sourire. Si j'avais su que je m'amuserais autant en venant dans cette école, je serais venu bien avant !

Je poussai un long soupir qui me calma enfin. Je pris de nouveau sa main et y déposai un autre baiser, doux et léger.

- J'ignore qui est ce Dante. Car comme vous l'aurez compris, ce n'est pas moi. Mais... il a de la chance d'être aussi proche de vous.

Elle sembla déconcertée.

- Oh... euh... mais vous lui ressemblez tellement... balbutia-t-elle. Euh... merci, c'est touchant...

Je la regardai longuement. Son embarras se faisait sentir à tel point que j'en voyais les ondes se propager autour d'elle. Je jetai un bref coup d'œil à Élisa puis soupirai.

- Je me serais volontiers attardé en votre compagnie mais je dois m'en aller.

Oui, il était temps que je m'éloigne de ces filles un moment. Je n'avais pas fini de visiter cet endroit et de faire de nouvelles rencontres.

- Je suis déjà impatient de vous revoir.

Je lui souris en y mettant le plus d'affabilité possible. De ce fait, elle ne m'oublierait pas. Et si cela se produisait, je ferais en sorte qu'elle se souvienne de nouveau de ma visite et des compliments que je lui avais fait.
Je passai entre les deux jeunes filles puis me retournai pour les voir une dernière fois.

- Bonne soirée, Demoiselle Hermione, Demoiselle Élisa...

D'un geste de la main, je provoquai un souffle de vent si puissant qu'elles durent se protéger le visage pour ne pas se recevoir de poussière dans les yeux. J'en profitai pour me volatiliser.