Une nuit dans le parc

- Si les garçons de cette école savaient que les filles sortaient comme ça la nuit, je me demande ce qu'ils en penseraient... murmura alors la voix de Vergil juste derrière Elisa.

Pourquoi était-il ici ? Vergil passait le plus clair de ses nuits dehors, que ce soit la pleine lune ou non. Ce soir-là, il avait aperçu Elisa seule et il avait décidé d'aller engager la conversation. Evidemment, il était professeur et il se devait de la renvoyer dans son dortoir immédiatement.
Eh bien Vergil aussi... décréta qu'il allait enfreindre le règlement. Lui qui était toujours tout seul, il n'en était pas malheureux que quelqu'un daigne enfin sortir en plein milieu de la nuit. Et il n'était pas dangereux pour cette fois.
Le professeur s'était silencieusement approché d'Elisa pour s'accroupir juste derrière elle, un coude appuyé sur son genoux et le menton posé sur la paume de sa main. Un fin sourire se dessinait sur ses lèvres et il fixait le dos de la jeune fille en attendant qu'elle se retourne.

En entendant un voix derrière elle, Elisa fut prise d'un sursaut. Elle tourna mécaniquement la tête vers la personne. En voyant le professeur Damon, elle se leva d'un bond et s'éloigna d'un pas.

- Euh... Bonsoir Professeur...

Elle baissa la tête et joint ses mains devant elle.

Vergil se mit debout et croisa les bras. Il observa la jeune fille qui semblait véritablement surprise de le voir. Incontestablement, elle ne s'attendait pas à avoir la compagnie d'un professeur à une heure pareille... Vergil parla sans pour autant élever la voix.

- Dites-moi, c'est la première fois que vous vous promenez si tard dans la nuit ?

- Euh...

Elisa hésita à lui répondre. Elle ne le regarda pas, préférant posait son regard sur ses pieds nus.

- Oui et non... lança-t-elle.

Vergil haussa les épaules et décroisa les bras. C'était la deuxième fois qu'il la rencontrait et pourtant, il n'avait pas oublié le parfum et la fraicheur de sa peau. Le professeur eut un étrange sourire qu'il dissimula rapidement. Il regarda longuement Elisa avant d'inspirer profondément, profitant de l'odeur qu'il pouvait sentir à un moment où il ne le pouvait pas d'habitude.
Il ne fit pas très attention à la réponse de la jeune fille. Il disparut de son champ de vision puis réapparut derrière elle et posa une main sur son épaule.

- Et... vous comptiez rentrer quand ? demanda-t-il en approchant ses lèvres de la nuque d'Elisa.

Il inhala de nouveau l'arôme de sa peau et ferma les yeux tellement il en était... épris. S'il ne l'avait pas rencontrée, il aurait dit que c'était Daina qui avait la meilleur odeur mais là... Elisa la dépassait hautement.
Vergil ne bougea pas et attendit une réponse. Peut-être allait-il trop loin dans son comportement mais pour l'instant, il ne s'en inquiétait pas du tout.

Vergil arqua un sourcil et retira sa main de son épaule. Il fallait qu'il se maîtrise plus que ça. Il se retourna -ils étaient à présent dos à dos à quelques centimètres de distance- et soupira. La nuit commençait à devenir plus fraiche qu'en début de soirée, un léger vent se levait pour faire voler le bas de sa cape.
Le professeur jeta un coup d'oeil derrière lui. Voyant qu'Elisa n'avait pas bougé, il se demanda s'il ne lui avait pas fait trop peur.

- Je n'ai pas envie de vous donner de punition, dit-il dans l'intention de l'apaiser. Ceci dit, si un autre professeur était présent, j'en serais obligé.

Vergil reporta son attention en face de lui, vers la forêt. La nuit prochaine, ce serait la pleine lune... Il s'y retrouverait.

Elisa tourna la tête pour voir le Professeur Damon, elle resta un moment comme sa à regardait chaque trait du visage de se personnage mystérieux. Oubliant presque le froid qui lui provoquait les quelques frissons sur son corps fin. Elisa décida de briser le silence de la nuit et celui qui régnait entre eu deux

- Vous... vous avez enseigner dans quel autre établissement?

Vergil ne s'attendait pas à ce qu'elle lui adresse la parole aussi vite. Il pensait plutôt qu'elle craindrait de dire une bêtise ou tout simplement de l'embêter. Mais le professeur baissa les yeux sur elle et dit :

- J'ai été à Beauxbâton. Mais j'ai estimé préférable de venir ici.

Elle le regardait et il en profita pour plonger son regard dans le sien.

Vergil remarqua la réaction d'Elisa mais ne cilla pas. Il lui adressa un petit sourire qui pourtant ne voulait rien dire du tout. Quand la jeune fille détourna son regard, le professeur fit de même et reporta son attention sur le ciel.

- Comment vous appelez-vous ? demanda-t-il alors au bout de deux minutes de silence complet.

Il l'avait déjà eu en cours mais ne l'avait jamais interrogée.

- E... Elisa Carrey, lui répondit-elle.

Elisa regardait au loin, enfin il n'y avait pas grand chose puisqu'il faisait noir et qu'elle ne percevait que les ombres des arbres.

- Elisa... répéta Vergil dans un murmure à peine audible.

Il fronça les sourcils et son coeur fit un bond quand il se rappela que ce prénom ressemblait à quelques lettres près à celui d'Emilia Greese. Mais le professeur se ressaisit aussitôt et reprit un visage neutre.
Enfin il se tourna vers Elisa. Elle frissonnait. Etant donné la façon dont elle était habillée, elle ne devait pas avoir très chaud... Vergil se plaça en face de la jeune fille et leva un bras pour avancer deux doigts vers le front d'Elisa. Il les arrêta à seulement un centimètre avant de dire :

- Vous permettez ?

Vergil arqua un sourcil mais prit cela pour un oui. Avant d'entrer en contact physique direct avec elle, il dégagea une mèche de ses cheveux blonds qui lui "barraient la route". Il toucha ensuite le front d'Elisa du bout des doigts.
Aussitôt fait, le professeurl regarda les bras de la jeune fille. En voyant que son petit tour avait marché et qu'elle ne frissonnait plus, il baissa le bras.

- Est-ce que ça va mieux ? demanda-t-il en se penchant vers Elisa et en approchant soudainement son visage tout près du sien.

L'homme sourit normalement cette fois-ci. Il ne fut pas surpris que la jeune fille ne réponde pas. Il se redressa et passa derrière Elisa. Là, il posa ses deux mains sur ses épaules et dit :

- Malheureusement, cela ne dure qu'une demi heure...

Ce fut à son tour de frissonner. En effet, si la température de Vergil était anormale au point d'aller à quarante degrés le jour, elle n'en était que pire la nuit. Il atteignait les quarante-trois. Même s'il venait de réchauffer Elisa, sa peau restait fraiche et il en ressentait les effets en la touchant comme ça. Il ne savait pas ce qu'elle, elle en pensait. Il ne voyait pas son visage. Quelle importance ? Il ne lui faisait pas de mal. Et il n'en avait pas la moindre intention.
Il se pencha et approcha ses lèvres de la nuque d'Elisa pour de nouveau humer ce délicieux parfum qu'elle dégageait sans le savoir.

- Vous sentez très bon Miss Carrey, souffla-t-il d'un air étrangement rassasié... dans les deux sens du terme.

Elisa eut un nouveau sursaut lorsqu'il la toucha. Elle ferma les yeux puis les réouvrit lorsqu'il se mit à parler de son odeur.

- Hein... Comment sa je sens "très bon", tu... enfin vous êtes sûr de se que vous dite!?

Elisa était devenu rouge et gênée d'avoir en quelque sorte dit "tu" à Vergil.

Vergil ne releva pas le moment où la jeune fille l'avait tutoyé et fit comme s'il ne l'avait pas remarqué. Il sourit de plus belle mais ne bougea pas, tout comme le faisait Elisa.

- Certain, répondit-il.

Etant donné qu'elle rougissait, il pouvait le savoir puisque sa peau se réchauffait légèrement.

- Veuillez m'excuser, dit-il sans pour autant la lâcher.

Elisa posa un main hésitant sur celle de Vergil et lui dit:


- Je... je vais retourner dans mon dortoir...

Elle enleva la main de l'homme de son épaule et se tourna pour voir son visage toujours sa main sur la sienne.

Vergil la lui lâcha et dit :

- Faites-moi plaisir... n'y retournez pas avec la punition de quelqu'un d'autre sur le dos.

Il passa à côté d'elle et s'arrêta.

- Sur ce, bonne nuit Miss Carrey... murmura-t-il à son oreille.

Il avança d'un pas et disparut sans bruit, laissant Elisa seule dans le parc.